Col 2,1-10; 12-15; Lc 10,1-12; 17-20

Colossiens 2,1-10; 12-15; Luc 10,1-12; 17-20

Mince ! Où ai-je mis mon téléphone portable ? L’ai-je déjà éteint ? Ah, oui ! C’est bon. Ouf !

Et ma montre connectée… ? Là aussi, je l’ai bien mise en mode avion !

A ce propos, avez-vous mis sous silence vos natels ?

Vous le savez, nous sommes en train de vivre un moment de relation, pendant lequel il nous est demandé d’être disponibles, les uns pour les autres. Il est important de rester présents, ancrés dans l’instant…

Ah, mais vous attendez un téléphone ! Vous ne pouvez pas le louper ! Il en va de…

Depuis toujours, Seigneur, il y a des choses absolument fondamentales que nous devons faire. C’est drôle, mais intéressant et inquiétant en même temps. Il y a 2000 ans, lorsque ton Fils est venu nous montrer les clés qui peuvent nous ouvrir les portes du Royaume, il avait déjà essayé de nous rendre attentifs à certains éléments. Pourtant, en avons-nous fait quelque chose de concret ?

Jésus-Christ a débarqué dans un monde où les préoccupations quotidiennes étaient, à quelques innovations techniques près, du même acabit qu’aujourd’hui. Les hommes et les femmes étaient encombrés de la même sorte. Cela les empêchait de voir l’essentiel. Ils se laissaient enchanter par les belles paroles de ces philosophes qui proclamaient des centaines de vérités, qui n’hésitaient pas à utiliser la mémoire de Ton Fils, pour servir leurs propos. Ils visaient à accaparer le pouvoir. Ils étalaient leurs richesses. Ils écrasaient les autres pour leur bien-être et essayaient d’inculquer leurs idées avec la force ! Ils établissaient des Lois où l’accent était mis sur la forme, plus que sur l’essence. Paul aussi, en parlant de Ton Fils et de ce qu’il a rendu possible par sa mort, d’abord, sa résurrection, ensuite, y est attentif. Et rappelle l’importance de ne pas penser que l’homme est fait pour les Lois, mais que les Lois sont faites pour les hommes.

Bref, Jésus-Christ avait débarqué dans un monde où les agneaux étaient à la merci des loups…

Il a tout donné pour changer cet état de fait. Il l’a payé de sa vie. Il en était conscient. Tout comme, il était conscient que seul, il n’aurait rien pu faire. Il s’est d’abord entouré de quelques élus. Puis, vu l’ampleur de la tâche, l’abondance de la moisson, il a pensé qu’il fallait plus de travailleurs, plus de moissonneurs. Pour lui, une chose était claire, tout le monde devait participer à l’annonce de la bonne nouvelle. D’où les septante-deux disciples qui représenteraient donc, symboliquement, les septante-deux nations païennes référencées dans le chapitre 10 de la Genèse – on pourrait bien sûr chipoter sur le fait que les manuscrits d’origine juive parlent de septante et ceux de la tradition grecque de septante-deux. On pourrait aussi s’attarder sur le fait que si Luc voulait véritablement parler de la nécessité d’évangéliser toutes les nations païennes, du moment que le Christ envoie les disciples deux par deux, aurait dû plutôt en évoquer 144 – ou 140, selon… Mais la symbolique ne demande pas de précision… Hein dit ?

Ces disciples devaient devancer Ton Fils et lui préparer le chemin. C’est-à-dire, porter sa paix, son intelligence et sa connaissance, Ta grâce à tous les peuples de la terre. Ce n’était pas une mince affaire. Jésus-Christ le savait. Tout comme Paul, lorsqu’il s’adresse aux chrétiens de la ville de Colosses. D’autant plus que l’annonce devait se faire sans violence (combien de fois, par le passé, nous avons oublié ce petit détail …). Ancrés dans la foi et dans la personne du Christ, les disciples devaient parcourir les contrées sans autre préoccupation que la Parole à annoncer. Confrontés, comme nous aujourd’hui, à la richesse et au risque de la multi-culturalité, ils devaient faire front à d’autres pensées, armés seulement de leur foi et de leur conviction. En comptant exclusivement sur la force qui leur a été donnée par Toi et en ne s’occupant pas du tout de ce qui est de l’ordre des inquiétudes purement matérielles. Ce dépouillement évoqué dans le texte invite à laisser de côté tout ce qui peut nous empêcher de nous concentrer sur l’essentiel. En Christ, nous avons tout. Il nous enseigne la liberté et la bienveillance envers l’humanité. Il nous donne de la nourriture en abondance, pour nous et pour les autres. En tant que chrétiens, nous avons tous la possibilité et le devoir de partager notre connaissance et notre intelligence du Christ. Et nous pouvons tous le faire. Quiconque d’entre nous peut porter la paix du Christ dans sa besace. Quiconque peut se rendre disponible, l’espace d’un moment, à l’autre. Lorsque j’entre en relation avec mon prochain, je peux me dépouiller de tous mes encombrements. Pour l’autre, je peux oublier mon monde, mes richesses, mon téléphone, ma montre, ma voiture mal parquée, mon bateau au mouillage qui pourrait pâtir d’un coup de vent… l’espace d’un instant, je peux tout oublier ! Que dis-je à mon prochain qui me parle, quand je laisse tous mes sens éveillés à la vie qui fourmille autour de moi, en moi, jusqu’à oublier sa présence, son existence et ses besoins, la raison même qui me pousse à être là, avec lui ?!

Mais Jésus-Christ va encore plus loin. Car il me demande de déposer sa Parole, de montrer ses effets bénéfiques, et d’être en même temps capable de partir sans rancune si cette parole n’est pas entendue. Si elle n’est pas accueillie, je ne suis pas fautif. J’ai fait ce que je devais faire. Je dois repartir conscient que j’ai planté une graine et ne suis pas responsable du terrain sur lequel elle est tombée. Je ne dois pas m’acharner. La balle est maintenant chez l’autre. Je peux partir avec l’esprit libre et prêt à continuer ma mission, sans conserver le souvenir d’une défaite. Ni d’une victoire ! Lorsque les disciples retrouvent Jésus-Christ et se montrent euphoriques des signes qu’ils ont été capables de manifester en guérissant des malades et en chassant des démons, Celui-ci ne joue pas le rabat-joie, mais leur dit aussi que la vraie raison de se réjouir doit demeurer dans le fait que, en faisant ce qu’ils avaient été appelés à faire, ils vivent le Royaume, incarnent la Parole. Ils voient dès lors leurs noms inscrits dans les cieux. Ils sont, tout simplement, en relation avec Dieu. Hier, comme aujourd’hui, il est vital de rayonner et témoigner de cette bonne nouvelle qui seule est garante de paix, respect et liberté. De nombreux systèmes de valeurs humaines et théologiques se côtoient et se frottent les unes aux autres, insinuant le doute dans les esprits et obligeant l’Eglise à une vigilance sans répit, si elle ne veut pas perdre la sève de sa foi en cours de route. De cette foi, qui n’est pas pour elle-même, mais qui fait de chaque femme et de chaque homme un être digne d’être écouté, aidé, soutenu, accueilli. Seigneur, tu nous invites à persévérer dans le combat intérieur pour ne pas oublier les enseignements de Ton Fils. Tu nous exhortes, encore et toujours, à rester branchés sur Lui, pour continuer à être nourris et à nourrir les autres, qui que ce soit, d’où qu’ils viennent.

 

Amen

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