Es 61,10-11; Jn 16,5-15

Culte du 17 avril 2016, à l’église de Vers-chez-les-Blanc et d’Epalinges (paroisse La Sallaz – Les Croisettes)

Prédication sur Esaïe 61,10-11 et Jean 16,5-15

Seigneur, avec Toi ce n’est jamais simple. Cela fait maintenant un certain nombre de fois que je Te le dis. Je sais, je me répète. Mais on dirait que Tu aimes brouiller les cartes… Lorsque les choses semblent devenir claires, voilà que Tu en rajoutes une couche. Pour pas mal de gens déjà, ce n’est pas facile de se dire : mais oui, bien sûr, Jésus-Christ, le Fils de Dieu… Celui-là qui vient nous dire ce qu’il faut faire si on veut que le Royaume vienne (il faudrait en plus savoir de quoi il parle !) ; qui fait des choses qu’on ne comprend pas – des guérisons miraculeuses… – ; qui un jour débarque pour nous annoncer qu’il va mourir – parce que ça se doit, son Père, Toi, l’a voulu – et que trois jours après, comme si c’était le fait le plus normal du monde (bon, avec Toi, la normalité prend tout une autre saveur !), il va ressusciter.

Je disais donc qu’il y en a – tout au long de l’histoire et à commencer par les disciples de Ton fils – qui ont déjà dû faire un sacré acte de foi pour accepter l’inacceptable (moi en premier, cela soit dit en passant). Mais, comme si ce n’était pas assez, Tu ajoutes une troisième figure dans le jeu ! Un troisième personnage (je sais que je commets un abus de langage en le définissant ainsi ; pourtant, il faut bien que j’utilise des images que je puisse comprendre et qui puissent m’aider à me représenter quelque chose !), un troisième personnage, disais-je, qui va prendre la place de Ton fils, qui est son alter ego, sans être Lui. Lui qui est déjà un peu Toi car, selon Jean, ce que Tu possèdes est aussi à Lui ! Mais ce troisième – laisse-moi le dire – intrus, celui qui doit nous venir en aide, c’est Ton fils qui nous l’envoie. Il nous l’envoie pour remettre toutes les choses à leur place : pour dire qui est dans le juste, qui est dans l’erreur, qui a été glorifié, qui est vraiment le coupable… Il nous l’envoie aussi pour nous guider dans la vérité, en parlant au nom de Ton fils, qui parle en Ton nom…

Stop ! Mets sur pause, s’il te plaît. La tête commence à me tourner et j’ai besoin de reprendre les données pour mieux cerner ce qui se passe, pour savoir, de plus, ce qu’il en est de ce troisième aujourd’hui, plus de 2’000 ans après sa, soi-disant, venue !

Donc, Esaïe annonce que Tu feras germer le salut et la louange devant l’ensemble des nations, comme la terre fait sortir les pousses. Quelques centaines d’années après, Tu envoies sur la terre Jésus pour montrer comment Tu aimerais que nous nous comportions pour faire de notre monde Ton Royaume. Il se donne corps et âme pour nous expliquer, nous donner les clés, nous rappeler les règles qui peuvent nous aider et nous guider à devenir, enfin, des êtres dignes de ce nom. Nous, imperturbables, pour la plupart sourds et aveugles, non seulement ne l’écoutons pas, mais décidons qu’il nous dérange et qu’il faut l’éliminer. Dans la suite logique qui t’appartient, mais que je commence à comprendre toujours mieux, Tu nous laisses faire et Tu le laisses aller sur la croix. Sa mort annoncée et sa Résurrection sous forme d’Esprit saint, d’Esprit de Vérité, permettent de passer à un autre stade : celui de la révélation. La venue de « celui qui doit nous venir en aide », de celui que, selon l’Evangile de Jean, on n’hésite pas à appeler par son terme grec, le Paraclet, crée une césure nette entre l’avant et l’après !

Si je comprends bien, le Paraclet, le défenseur, est d’abord l’avocat de Ton fils dans un procès où le monde est accusé de l’avoir repoussé, de ne pas avoir voulu l’écouter, de ne pas avoir vu en Lui le meilleur chemin pour venir à Toi. Par sa seule apparition, après la mort de Ton fils, le Paraclet, Esprit de vérité, prouve que Jésus a bel et bien été accueilli par Toi : le monde est ainsi jugé coupable d’avoir condamné à mort un innocent, quelqu’un qui disait vrai. Enfin, le procès est sans appel pour Satan, le prince de ce monde.

Alors, si jusque-là nous n’étions pas en mesure de pêcher en ne faisant pas ce que Ton fils nous montrait, car nous ignorions sa véritable nature et l’origine de son message, à partir du jour de sa mort et de sa Résurrection, nous n’avions plus d’excuses… Tu aurais pu en rester là et nous dire : voilà, je vous ai montré par le Paraclet que vous avez commis l’irréparable, maintenant débrouillez-vous.

Eh bien, non ! Ton fils et Toi avez mis à l’œuvre l’Esprit. Sa venue, rendue possible grâce à la mort de Jésus, devenu ainsi Christ, continue à assurer à travers les siècles la présence de l’Absent. Le Paraclet prend sa place dans notre monde pour faire sans cesse mémoire de l’enseignement de Ton fils, de son amour pour Toi et pour les autres, en nous permettant, par son inspiration, de le réactualiser constamment. Alors, l’Esprit – qui est aujourd’hui la Parole de Ton fils, comme Ton fils a été Ta voix lorsqu’il était sur terre – n’arrête pas de nous souffler et insuffler la présence de l’Absent en le rendant encore et toujours agissant. Mais nous avons la liberté de le sentir, de l’entendre, de l’accepter comme guide pour vivre selon cet Amour dont l’Esprit nous appelle à être imprégnés et à en témoigner. Ou pas !

Dieu le Père, le Fils et le Saint Esprit, Tu acceptes chaque instant le défi de me montrer la voie, tout en me laissant la possibilité de partir dans d’autres directions. Aujourd’hui, je sais ce qui peut nous aider à faire de ce monde un havre de paix. Je vis au quotidien avec cette espérance. Mais suis aussi conscient que Ta force, la volonté de me laisser le choix, est en même temps la faiblesse du monde. Du coup, Ton rêve est Ton pire cauchemar ! Tu appelles à une réalité où le respect et la paix se réalisent grâce à l’engagement d’hommes et de femmes inspirés par l’Esprit. Plusieurs personnes sont aujourd’hui à l’œuvre. Mais, malheureusement, pas encore assez. Comment faire ? Il me semble entendre, sentir, percevoir que Toi, Ton fils et l’Esprit, depuis toujours, souhaitez que je devienne un témoin de Ton amour et de Ton chemin. Mon rôle, alors, n’est pas seulement celui d’être personnellement sensible à ce que l’Esprit m’inspire, mais aussi d’en être un porte-parole, un porte-acte.

 

Amen

Ce contenu a été publié dans Prédications. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *