Oeil pour oeil…

«Y en a marre de tendre l’autre joue ! » Pas plus tard que mi-octobre, ces propos d’un chrétien syrien retentissaient sur les ondes de la RTS.

Quelques jours auparavant, Charles Poncet écrivait sur son blog de « L’Hebdo » que face à une « criminalité atroce, bestiale et exhibitionniste il faut une réponse nouvelle, dont les éléments essentiels n’ont rien d’un catalogue à la Prévert ». La première mesure ? Le rétablissement de la peine de mort. Ces affirmations font corollaire aux frappes aériennes et aux ripostes militaires que les Etats « civilisés » administrent – comme s’il s’agissait d’un médicament – à « Messieurs les assassins », comme notre « avocat du Diable » (titre dont se targue le blogueur) définit ces terroristes qui sévissent au Moyen-Orient. Un chrétien et un juriste, d’une part, des pays qui se veulent garants de l’ordre et des droits humains, de l’autre. Environ 1750 ans avant Jésus-Christ, le Code de Hammurabi instituait la loi du talion, pour contrer la traditionnelle vendetta qui s’exerçait à l’époque. Un premier pas pour limiter la violence – certes en la légitimant en même temps. A peu près à mi-chemin entre cette époque et la nôtre, Jésus-Christ donne un coup de pied dans la fourmilière. Avec son injonction à tendre l’autre joue, il nous désarçonne et il nous demande, à tous, de prendre nos responsabilités. Il s’agit bien sûr d’une provocation extrême, conséquence logique de l’amour inconditionnel qu’il prône. Mais, au-delà de toute forme d’angélisme, il appelle à stopper l’escalade de violence qui est propre à toute réaction. Pour sortir de cet engrenage fatal, il offre à l’autre un excès de générosité et propose un déplacement. Un déplacement qui a un caractère inclusif, non discriminatoire. Est-il possible, aujourd’hui, pour nous, d’aller vers cette réponse, même d’une façon libre ? Une chose est sûre : à moins d’exterminer l’humanité entière, pour éviter tout esprit de vengeance, une riposte ne permet pas de sortir de la spirale de la violence. Alors, nous tous, appliquons-nous plutôt à protéger les uns et à isoler les autres. Ouvrons les portes aux exilés, soyons leur terre promise – ou aidons-les à en chercher une – et arrêtons de donner à ces barbares d’autres raisons de continuer à tuer. Qu’ils s’auto-ghettoïsent, enfermés dans leurs confins territoriaux et amoraux.

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