Qu’y a-t-il de plus dangereux que regarder le soleil sans aucune protection, sans aucun filtre ? Il en va de la capacité de voir. Les yeux sont meurtris. Le cerveau nage dans l’incompréhension, en proie aux hallucinations et aux douleurs.
Lorsqu’on est frappé par une lumière violente en pleine figure, c’est, soudain, l’aveuglement. Tout, autour de nous, devient moins clair. Nos pupilles recherchent frénétiquement la pénombre pour pouvoir se ressaisir. Les paupières se ferment en guise de bouclier. Et c’est doucement qu’elles se rouvrent, pour que les yeux, petit à petit, réapprennent à regarder, pour pouvoir enfin revoir. Le passage de la nuit au jour est progressif. Il est nécessaire d’apprivoiser la lumière pour percer la clarté. Il faut se laisser investir par la lumière, et non se laisser envahir, sous peine d’en perdre la raison, la capacité de discernement. Jésus-Christ est venu éclairer l’intelligence des cœurs, proposer un modèle d’humanité fondé sur un amour à renouveler sans cesse. Pour ce faire, il est arrivé comme lumière du monde. Et comme toute lumière, Jésus-Christ et sa parole demandent à être apprivoisés. Ils demandent à être constamment interrogés, interprétés et actualisés. Si nous les regardons sans aucune protection, sans aucun filtre, nous perdons toute capacité d’en définir les contours, de les voir. Notre cerveau s’embrouille et nous partons en croisade en suivant de fausses idoles et en pourchassant de faux démons, embourbés dans des visions apocalyptiques. Au sein du christianisme, on trouve depuis toujours plusieurs paires de lunettes. Toutes n’utilisent pas les mêmes verres et les mêmes filtres. Il y en a qui protègent des dangers de l’aveuglement plus que d’autres…